Comparaison rigoureuse de Thés Jaunes
célèbres : 2 MENG DING HUANG YA - même région de production, même période de
récolte mais deux producteurs différents : HE et ZHANG
Aspect visuel :
Magnifiques jeunes bourgeons en aiguille chez
les 2 producteurs.
Première constatation flagrante. Les deux thés
ont des couleurs très différentes :
HE est + gris bleu foncé.
ZHANG est + vert kaki jaune brun.
Ce qui indique que ces thés ont sans doute été
fabriqué d’une façon différente...
Au niveau des feuilles sèches :
Sur HE : c’est plus séduisant, en tout cas
plus expressif. On sent la fermentation et l’étuvage. On sent la nature, le
foin, la mousse (mais sans le côté moisi), les prairies pleines de fleurs sauvages, je lui trouve aussi un
coté herbacé qui rappelle celui de la lavande véritable…
ZHANG : on sent une odeur qui évoque le
pain sorti du four, cuisson d’amidon (riz…), c’est + épicé, plus boisé aussi. On est moins proche du foin et plus
proche des branches, des brindilles sèches… quelque chose qui évoque la sauge
aussi. Du chocolat blanc… Odeur bien plus étrange et difficile à décrire que
He. L’étuvage semble beaucoup plus poussé, ce qui crée un éloignement plus
grand par rapport au caractère frais et fleuris (foin) de He.
A l’infusion :
Ici aussi on note une grande différence
dans la couleur : He est d’un jaune plus vert et plus pâle, ZHANG est plus jaune-brun.
HE
D’emblée,
He apparaît plus frais et plus proche de l’univers aromatique des thés
verts : terre après la pluie, pousses de bambou, bois vert, écorces
vertes, amandes vertes, petits pois, haricots, fruits frais, sols moussus,
minéralité…
Assez
rapidement la typicité du thé jaune s’affirme avec des sensations olfactives
plus sucrées : des parfums sucrés
de légumes-amidon (maïs, banane plantin, arachide fraîche...) qui évoluent vers du vanillé et du miellé. Il y a une note
centrale et bien présente que j’identifie comme très proche de l’ ARTICHAUT.
Elle s’associe bien avec le végétal ( bois vert, écorce verte, amande verte) et
la minéralité. Proche de l’amertume, ces notes évoluent vers un miel assez doux
qui se fait de plus en plus présent et fini en vanillé dans la tasse vide. Ça
évoque aussi le riz au lait, la crème de marron, la châtaigne… Une effluve un
peu fugace m’a même fait penser à un café fruité…
On a aussi
de beaux retours sur le foin avec ses parfums fleuris et légèreemnts fermentés. Un thé assez
champêtre avec des odeurs de prairies sauvages, les fleurs miellées, fleurs des
champs
La première
sensation est une amertume, ensuite le végétal vient suivi du sucré amidonné,
qui lui évolue lentement vers le foin, le fleuri, le miel et la vanille. C'est bien long en bouche.
au niveau
texture : c’est assez doux au début, puis un peu plus astringent, et
assèche un rien la bouche.
ZHANG
Comparé à
He on perçoit tout de suite ce qui fait la différence.
Zhang a un
caractère plus rôti et plus grillé qui est quasi absent chez He. Zhang est moins
frais. Zhang est plus miellé, plus proche de la châtaigne et des amandes
grillées... Le mile de zhang est plus un miel sombre de la forêt. Le miel de He est plus léger, plus proche des fleurs des champs.
Ce qui est
aussi flagrant, c’est que Zhang est beaucoup plus dépouillé, il y a moins
d’éléments perceptibles ici.
On perçoit
en premier lieu une amertume plaisante (proche de celle de la peau de fruits
secs comme les noix, évoque aussi le parfum des fleurs de pissenlits avec leur amer miellé...). Zhang est directement plus amer. L’amertume est liée à un
végétal difficile à définir (proche de la crosse de fougère…). L’amertume évolue très
vite vers les composantes plus sucrées qui sont proche de parfums de cuisine
(riz cuit, maïs…) et du miel de forêt. On découvre des notes de céréales
grillées, de café au lait, de crème d’amande… En parallèle à cette évolution
sucrée, il y a une note fraîche un peu vive qui vient se joindre (elle permet
au thé de garder une propriété désaltérante). L’amertume reste toutefois là,
elle rappelle un peu les fleurs de pissenlit.
Globalement,
le tout reste bien équilibré (grillé, sucré, frais amer). Comparé à He, Zhang
semble plus huileux, plus épais en texture. On a d’avantage une sensation de
plénitude en bouche. L’eau semble d’avantage colonisée par le thé…Et j’aime
bien cette sensation. Zhang reste bien en bouche.
He et Zhang
Comparé à
He, Zhang semble un peu plus brut, les parfums viennent plus en bloc, c’est
plus monolithique (ça déroule moins avec des étapes comme dans He…). C’est un
style que je vois comme plus rustique… Dans He chaque parfum a sa place, tout
est bien ordonné et rangé. Dans Zhang tout vient plus en un tout.
Zhang est
plus éloigné des thés verts que ne l’est He. Zhang est plus atypique et a plus
de personnalité en tant que Thé Jaune. Il affirme plus son « identité
Jaune » que He.
He est plus complexe, plus construit, mais Zhang a
d’avantage la typicité des thés jaunes. Zhang est plus original. Et même si il
est moins complexe, je l’ai trouvé plus attachant, il donne accès à une
expérience gustative vraiment différente de ce qu’on a l’habitude…
J’ai
souvent goûté a des thés étiquetés « jaunes » mais aucun ne m’avait
jusqu’ici vraiment convaincu d’entrer dans l’expérience de ce thé de légende
qu’est le thé jaune. C’était bien souvent des produits trop proches de thé
verts, avec ce Zhang on est vraiment dans un autre registre, on a clairement
quitté l’univers des thés verts…
Comparer
ces deux thés a été une expérience très enrichissante pour la compréhension de
ce type de thé. En commençant cette dégustation comparative je n’aurais pas
pensé y voir autant de différences… Toutefois je trouve ce type de thé assez difficile à décrire et ne suis qu'à moitié satisfait de cette description.