dimanche 3 novembre 2013

Thé Jaunes : Dégustation comparative de 2 Meng Ding Huang Ya 2013


Comparaison rigoureuse de Thés Jaunes célèbres : 2 MENG DING HUANG YA - même région de production, même période de récolte mais deux producteurs différents : HE et ZHANG







Aspect visuel :

Magnifiques jeunes bourgeons en aiguille chez les 2 producteurs.
Première constatation flagrante. Les deux thés ont des couleurs très différentes :
HE est + gris bleu foncé.
ZHANG est + vert kaki jaune brun.
Ce qui indique que ces thés ont sans doute été fabriqué d’une façon différente...




Au niveau des feuilles sèches :

Sur HE : c’est plus séduisant, en tout cas plus expressif. On sent la fermentation et l’étuvage. On sent la nature, le foin, la mousse (mais sans le côté moisi), les prairies pleines de fleurs sauvages, je lui trouve aussi un coté herbacé qui rappelle celui de la lavande véritable…

ZHANG : on sent une odeur qui évoque le pain sorti du four, cuisson d’amidon (riz…), c’est + épicé, plus boisé aussi. On est moins proche du foin et plus proche des branches, des brindilles sèches… quelque chose qui évoque la sauge aussi. Du chocolat blanc… Odeur bien plus étrange et difficile à décrire que He. L’étuvage semble beaucoup plus poussé, ce qui crée un éloignement plus grand par rapport au caractère frais et fleuris (foin) de He.





A l’infusion :

Ici aussi on note une grande différence dans la couleur : He est d’un jaune plus vert et plus pâle, ZHANG est plus jaune-brun.

HE


D’emblée, He apparaît plus frais et plus proche de l’univers aromatique des thés verts : terre après la pluie, pousses de bambou, bois vert, écorces vertes, amandes vertes, petits pois, haricots, fruits frais, sols moussus, minéralité…
Assez rapidement la typicité du thé jaune s’affirme avec des sensations olfactives plus sucrées :  des parfums sucrés de légumes-amidon (maïs, banane plantin, arachide fraîche...) qui évoluent vers du vanillé et du miellé. Il y a une note centrale et bien présente que j’identifie comme très proche de l’ ARTICHAUT. Elle s’associe bien avec le végétal ( bois vert, écorce verte, amande verte) et la minéralité. Proche de l’amertume, ces notes évoluent vers un miel assez doux qui se fait de plus en plus présent et fini en vanillé dans la tasse vide. Ça évoque aussi le riz au lait, la crème de marron, la châtaigne… Une effluve un peu fugace m’a même fait penser à un café fruité…
On a aussi de beaux retours sur le foin avec ses parfums fleuris et légèreemnts fermentés. Un thé assez champêtre avec des odeurs de prairies sauvages, les fleurs miellées, fleurs des champs

La première sensation est une amertume, ensuite le végétal vient suivi du sucré amidonné, qui lui évolue lentement vers le foin, le fleuri, le miel et la vanille. C'est bien long en bouche.

au niveau texture : c’est assez doux au début, puis un peu plus astringent, et assèche un rien la bouche.

ZHANG

Comparé à He on perçoit tout de suite ce qui fait la différence.
Zhang a un caractère plus rôti et plus grillé qui est quasi absent chez He. Zhang est moins frais. Zhang est plus miellé, plus proche de la châtaigne et des amandes grillées... Le mile de zhang est plus un miel sombre de la forêt. Le miel de He est plus léger, plus proche des fleurs des champs.
Ce qui est aussi flagrant, c’est que Zhang est beaucoup plus dépouillé, il y a moins d’éléments perceptibles ici.
On perçoit en premier lieu une amertume plaisante (proche de celle de la peau de fruits secs comme les noix, évoque aussi le parfum des fleurs de pissenlits avec leur amer miellé...). Zhang est directement plus amer. L’amertume est liée à un végétal difficile à définir (proche de la crosse de fougère…). L’amertume évolue très vite vers les composantes plus sucrées qui sont proche de parfums de cuisine (riz cuit, maïs…) et du miel de forêt. On découvre des notes de céréales grillées, de café au lait, de crème d’amande… En parallèle à cette évolution sucrée, il y a une note fraîche un peu vive qui vient se joindre (elle permet au thé de garder une propriété désaltérante). L’amertume reste toutefois là, elle rappelle un peu les fleurs de pissenlit.
Globalement, le tout reste bien équilibré (grillé, sucré, frais amer). Comparé à He, Zhang semble plus huileux, plus épais en texture. On a d’avantage une sensation de plénitude en bouche. L’eau semble d’avantage colonisée par le thé…Et j’aime bien cette sensation. Zhang reste bien en bouche.




He et Zhang

Comparé à He, Zhang semble un peu plus brut, les parfums viennent plus en bloc, c’est plus monolithique (ça déroule moins avec des étapes comme dans He…). C’est un style que je vois comme plus rustique… Dans He chaque parfum a sa place, tout est bien ordonné et rangé. Dans Zhang tout vient plus en un tout.
Zhang est plus éloigné des thés verts que ne l’est He. Zhang est plus atypique et a plus de personnalité en tant que Thé Jaune. Il affirme plus son « identité Jaune » que He.
He est  plus complexe, plus construit, mais Zhang a d’avantage la typicité des thés jaunes. Zhang est plus original. Et même si il est moins complexe, je l’ai trouvé plus attachant, il donne accès à une expérience gustative vraiment différente de ce qu’on a l’habitude…
J’ai souvent goûté a des thés étiquetés « jaunes » mais aucun ne m’avait jusqu’ici vraiment convaincu d’entrer dans l’expérience de ce thé de légende qu’est le thé jaune. C’était bien souvent des produits trop proches de thé verts, avec ce Zhang on est vraiment dans un autre registre, on a clairement quitté l’univers des thés verts…


Comparer ces deux thés a été une expérience très enrichissante pour la compréhension de ce type de thé. En commençant cette dégustation comparative je n’aurais pas pensé y voir autant de différences… Toutefois je trouve ce type de thé assez difficile à décrire et ne suis qu'à moitié satisfait de cette description.





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